De la lumière et des algues pour maitriser les écoulements
Si certaines algues dérivent en fonction du courant, d'autres sont capables de contrôler les flots. Des chercheurs du laboratoire Matière et systèmes complexes se sont ainsi servis d’une algue microscopique et de lumière pour maîtriser des écoulements de fluides. Ils ont pour cela détourné la capacité du micro-organisme à migrer en fonction de l’éclairage. Ces travaux sont publiés dansNature Physics.
L’algue monocellulaire Chlamydomonas reinhardtii s’approche de la surface en fonction de la lumière. Celle-ci l’attire jusqu’à un certain seuil, puis la fait fuir quand elle est trop intense. Lorsque l’algue est présente en très grandes concentrations, cette nage collective parvient à générer des écoulements dans l’eau. Des chercheurs du laboratoire Matière et systèmes complexes (MSC, CNRS/Université Paris-Diderot) ont exploité ce phénomène pour contrôler les fluides à des échelles centimétriques : ces écoulements sont mille fois plus grands que les cellules qui les génèrent et plus rapides que leur vitesse de nage.
L’astuce réside dans le fait que Chlamydomonas reinhardtii adapte son allure à l’intensité lumineuse, ce qui permet d’ajuster finement sa migration dans un liquide. Les chercheurs attirent assez de ces algues dans une zone ciblée pour augmenter leur concentration d’un facteur 50. Elles finissent par être tellement nombreuses qu’elles modifient la densité de l’eau de manière très localisée. Cette différence avec le reste du liquide provoque des écoulements sur quelques centimètres, de la même manière que se forment les courants d’air dans l’atmosphère. Avec une vitesse de 100 microns/s, ils peuvent piéger et déplacer des objets millimétriques flottant en surface.
Ces travaux permettent de mieux comprendre des phénomènes tels que les efflorescences d’algues vertes et la migration verticale jour/nuit du plancton. Ils trouvent également des applications pour mélanger et récolter les suspensions des bioréacteurs, des cuves où des micro-organismes sont accumulés pour produire de l’énergie ou des molécules rares.
Références :
Light-controlled flows in active fluids
J. Dervaux, M. Capellazzi Resta and P. Brunet
Nature Physics 13, 306–312 (2017)
DOI: 10.1038/NPHYS3926