Un métabolite aide au diagnostic et aux opérations du cancer du pancréas

Résultat scientifique Bioingénierie

Classé parmi les cancers dont la mortalité est la plus élevée, l’adénocarcinome pancréatique reste particulièrement difficile à diagnostiquer. Des chercheurs du laboratoire ICube et du CHU de Strasbourg ont cependant découvert qu’un métabolite, l’éthanolamine, est plus fortement présent dans les cellules pancréatiques cancéreuses que dans les tissus sains. Son analyse spectroscopique facilite les interventions chirurgicales et permet de mieux établir les chances de survie des patients. Ces travaux sont publiés dans la revue BMC Medicine.

Avec seulement 5% de survie des patients sur cinq ans, le cancer du pancréas, ou adénocarcinome pancréatique, compte parmi les cancers à la mortalité la plus élevée. Il est de plus souvent découvert à un stade avancé à cause de son absence de symptômes spécifiques. Face à cette maladie, des chercheurs du laboratoire des sciences de l'ingénieur, de l'informatique et de l'imagerie ICube  (CNRS/Université de Strasbourg/INSA Strasbourg/ENGEES) et du CHU de Strasbourg ont introduit une nouvelle technique pour distinguer les cellules pancréatiques cancéreuses des cellules saines. Elle s’applique aussi bien lors du diagnostic qu’en pleine opération, et aide à prédire les chances de survie des patients.


Capable de détections métaboliques à haute résolution, la spectroscopie RMN HRMAS (Résonance magnétique nucléaire en haute résolution avec rotation à l’angle magique) a été utilisée pour comparer la composition de tissus de deux groupes de patients atteints d’un cancer du pancréas. Les premiers ont survécu plus de trois ans après le diagnostic, les seconds moins d’une année. Chaque groupe avait un profil chimique unique, où l’éthanolamine s’est avéré être le métabolite le plus significatif : des niveaux élevés de cette molécule étaient associés à une nette diminution de la survie.

Cette technique permet également de distinguer le tissu pancréatique cancéreux du tissu sain en moins de 20 minutes, un délai qui la rend transposable au bloc opératoire. Le chirurgien peut alors détecter les cellules cancéreuses résiduelles et donc adapter son intervention en temps réel. La spectroscopie RMN HRMAS n’endommage d’ailleurs pas les tissus, ce qui permet de réutiliser les échantillons pour des études d’anatomie pathologique.

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© Stéphanie Battini (ICube)
Prédiction de la survie des patients présentant un adénocarcinome pancréatique :
Comparaison de la composition chimique et du profil métabolomique d’échantillons tissulaires de deux sous-groupes de patients présentant un adénocarcinome pancréatique. Les patients ayant vécu plus de trois ans après le diagnostic et ceux ayant vécu moins d’une année après le diagnostic. L’éthanolamine apparaît comme étant un biomarqueur de la survie. 

 

 

 

Références :

Metabolomics approaches in pancreatic adenocarcinoma: tumor metabolism profiling predicts clinical outcome of patients
S. Battini, F. Faitot, A. Imperiale, A. E. Cicek, C. Heimburger, G. Averous, P. Bachellier and I. J. Namer
BMC Medicine (mars 2017)
DOI: 10.1186/s12916-017-0810-z

Contact

Stéphanie Battini
Communication CNRS Ingénierie