Hommage à Jean-Claude André, chercheur à l’origine de l’impression 3D
Jean-Claude André, directeur de recherche émérite au CNRS, est décédé le 12 janvier 2025. Homme d’exception, chercheur visionnaire, collègue respecté et mentor admiré, il est à l'origine, avec son équipe de recherche, du premier brevet en France concernant la stéréolithographie ou "impression 3D", déposé en 1984.
Jean-Claude André a commencé sa carrière comme stagiaire de recherche au CNRS (1967-1971), puis chargé de recherche (1971-1981) avant de devenir directeur de recherche en 1981, arrivant rapidement à la classe exceptionnelle. Détaché à l’INRS (Institut National de Recherche sur la Sécurité) en tant que Directeur « Études et Recherches » au centre de Lorraine de 1995-1999, il a été Directeur scientifique pour tout l'INRS de 1999 à 2007. Il a été responsable de 1997 à 2007 de réseaux Européens intitulés Centres Thématiques pour l’Agence Européenne de Bilbao (Information en hygiène et sécurité au travail en Europe) : Recherche, prospective et création d'un Observatoire des risques (de 7 à 12 pays concernés selon les réseaux). Jean-Claude ANDRE a réintégré le CNRS en 2008, comme chercheur au DCPR (Département Chimie Physique des Réactions) - ENSIC-CNRS (photonique), puis au LRGP (laboratoire réactions et génie des procédés, UMR 7274 CNRS Université de Lorraine créé en 2010 par la fusion de plusieurs laboratoires) et comme Conseiller Scientifique auprès de la Direction du CNRS à l’INSIS, ainsi qu’à l’ENSIC.
Jean-Claude André a montré une implication permanente dans l’administration de la recherche, avec un grand nombre de responsabilités — directeur scientifique de l’ENSIC 1983-1985, directeur de l’institut lorrain de Chimie de spécialité génie des procédés 1988-1994, expert au Ministère de la recherche, conseiller scientifique du Département Sciences pour l’Ingénieur du CNRS 1986-1991 puis directeur scientifique adjoint de ce département 1992-1995, … — ainsi que dans l’animation scientifique, notamment comme directeur des GDR Instrumentation optique et Procédés optiques, 1989-1997.
Son parcours, marqué par une quête inlassable de savoir et d’innovation, demeure une source d’inspiration pour tous. Dès ses débuts à l’ENSIC en 1966, il a démontré un talent hors du commun. De stagiaire de recherche au CNRS à directeur scientifique de l’INRS puis conseiller scientifique auprès de la direction du CNRS, en passant par des détachements en France et à l’international, il a su marquer chaque étape de sa carrière par des contributions scientifiques majeures.
Sa curiosité insatiable et sa capacité à innover, à favoriser l’interdisciplinarité, à repousser les frontières du savoir l’ont conduit à explorer des domaines variés : des interactions lumière-matière aux nanotechnologies, en passant par l’éthique scientifique et la fabrication additive, nombreux domaines dans lesquels Jean-Claude André a fait figure de pionnier. Inventeur de l’impression 3D, il a déposé en 1984 le premier brevet qui a transformé durablement les technologies de fabrication, plaçant la France à l’avant-garde de cette révolution technologique.
Avec plus de 400 publications, 50 brevets, 8 ouvrages, et l’encadrement d’environ 60 thèses, son héritage scientifique est immense. Au-delà des chiffres, nous retenons sa vision, sa capacité à mobiliser, à innover et anticiper qui resteront gravées dans nos mémoires. Son moteur était la co-construction entre disciplines, entre métiers, toujours animé par de nouvelles idées de projets ou des réflexions fondamentales. Sa créativité allait des questions scientifiques importantes aux interrogations techniques, méthodologiques parfois même de structuration, toujours de façon originale, souvent iconoclaste. Il a toujours œuvré pour une recherche socialement responsable, consciente des implications éthiques et sociétales.
À l’échelle internationale, il a brillamment représenté la France, collaborant à l’Union européenne sur de nombreux projets stratégiques, animant des réseaux scientifiques et organisant des congrès de renommée mondiale.
Jean-Claude André a été distingué au plus haut niveau, puisqu’il était notamment Officier dans l’ordre des palmes académiques, Chevalier dans l’ordre national du mérite (Ministère de la Recherche), Chevalier dans l'ordre de la légion d'honneur (Ministère du Travail), Membre de l’Académie Lorraine des Sciences. Ses travaux scientifiques innovants ont aussi été récompensés par de nombreux prix, dont celui de l’ANVAR pour la créativité « Eurekas d'Or de l'Innovation » pour la mise au point de procédés de stéréo-photolithographie, sa nomination comme GARPA’s Fellow (Global Alliance of Rapid Prototyping Associations), et une nomination pour le Queen Elizabeth Prize for Engineering Nominee en 2019 (le premier prix étant décerné aux inventeurs du GPS), et en 2022.
Au-delà du scientifique exceptionnel, nous souhaitons lui rendre hommage en tant qu’homme. Son humilité, sa générosité et son désir constant de transmettre ont marqué tous ceux et toutes celles qui ont eu la chance de le côtoyer. Il était aussi très intéressé et très investi dans la pédagogie et son attachement à la qualité des formations reste aussi mémorable. Nombre d’entre nous se souviennent de ses conseils avisés, de son écoute bienveillante et de son enthousiasme communicatif, jusqu’à ces toutes dernières années.
Nous célébrons ici l’héritage d’une personnalité exceptionnelle de créativité et d’humanité.